Perception de la chirurgie esthétique en Italie
En Italie, pour beaucoup de femmes, succès rime avec beauté. Du moins jusqu’à très récemment. En effet, sous le règne médiatique de l’ancien président du conseil des ministres Silvio Berlusconi, surnommé “il Cavaliere” qui fonda plusieurs chaînes de télévision et qui est aujourd’hui l’une des plus grandes fortunes d'Italie; nous avons assisté à l’émergence des “Velines” (ou “velinas”). Le terme de “veline” désigne à l’origine les courriers envoyés par le parti fasciste sous le régime de Mussolini aux médias afin de les informer des sujets à traiter, et de ceux à éviter.
Lorsque les canaux de télévision berlusconiens font leur apparition à la fin des années 80, le public italien peut y voir des présentateurs hommes, accompagnés de jeunes et jolies filles, courtement vêtues, davantage présentes pour attirer l’audimat que pour leur capacités intellectuelles. Leur rôle officiel dans l’émission est d’apporter les informations médiatiques du jour, c’est pourquoi elles ont été surnommée les “Velinas”. Chaque année a lieu un concours afin de désigner les deux futures Velinas à venir.
Outre le caractère extrêmement sexistes qu’ont véhiculé ces chaînes, l’Italie était devenu un pays dans lequel le chômage des femmes était très élevé. Celles-ci n’étaient pas recherchées pour leurs capacités intellectuelles, elles devaient s’occuper avant tout de leur famille. Et lorsqu’elles souhaitent tout de même obtenir un poste important et à responsabilités, une dictature silencieuse les oblige à être toujours bien apprêtée, mises en valeur afin d’être prises au sérieux et d’être écoutées.
Certaines femmes politiques italiennes ont d’ailleurs dû commencer leur carrière dans l’industrie du spectacle afin “d'étoffer” leur CV, apparemment bien creux lorsqu’on est une femme (par exemple,Mara Carfagna, ancien modèle photo érotique était devenue députée européenne).
C’est alors qu’intervient la Chirurgie Esthétique, elle fut très fortement employée par les italiennes afin d’augmenter leur chance de se faire repérer à la télévision et d'accéder à une sécurité financière.
L’artiste Lorella Zanardo dénonce cette hypersexualisation de la femme et son obligation d’avoir recours à de la chirurgie afin d’être considérée par ses semblables masculins dans le documentaire Il corpo delle donne.
De même qu’un témoignage de l’étudiante Giada Milanese, qui refuse de se soumettre au système, "Je n’ai pas voulu devenir une véline de Berlusconi".
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Il faudra attendre les années 2000 pour que les Velinas commencent à disparaître du petit écran. Avec des scandales impliquant il Cavaliere et une jeune mineur, qui donnent lieu à des manifestations en février 2011 pour l’image de la femme, une prise de conscience des italiens…
Si aujourd’hui la chirurgie esthétique est encore très utilisée par les italiens et italiennes (le pays est au 13ème rang pour le nombre d’opérations chirurgicales esthétiques, devant la France), elle a davantage pour but l’acceptation de soi que la volonté de réussite professionnel (bien que le machisme soit encore très présent et le chômage des femmes supérieur à celui des hommes: 11,9% contre 10,9% d’après l'Institut national des statistiques et le Figaro) et son usage est plus réglementé (une loi récente interdisant la pose d’implant mammaire chez les mineures).
En conclusion, la chirurgie esthétique a constitué pour beaucoup de femmes italiennes, dans la société de consommation et de publicité des années 80, un tremplin professionnel; parfois au détriment de leur véritable nature.