La Première Guerre Mondiale, qui a eu lieu de 1914 à 1918, fut une guerre dévastatrice au bilan lourd de 9 millions de morts. Celle-ci opposait le camp des Alliés (France, Grande Bretagne, Italie...) aux puissances centrales (Allemagne, empire Austro-Hongrois, Empire Ottoman...). Des milliers de soldats furent envoyés au champ de bataille et confrontés à des traumatismes physiques d'un genre nouveau en raison des progrès de l'artillerie (grenades, gaz, obus etc.).
Ceux-ci se retrouvent face à des médecins incompétents en matière de reconstruction corporelle (notamment faciale). Il faut donc adapter la médecine aux nouveaux maux de la guerre. Par conséquent, lors de cette période, la chirurgie a beaucoup évolué et fait un bond en avant dans le domaine de la science. La tête était la partie du corps la plus vulnérable et la plus visée par l’ennemi, il y eu donc beaucoup de « blessures de la face », qui donnèrent naissance à ceux qui ont porté le nom tristement célèbre de "Gueules Cassées”, c'est-à-dire des hommes défigurés par l'extrême violence de cette guerre. Ce surnom fut donné à l'origine par Yves Picot, colonel et fondateur des associations de soutient moral et financier aux Gueules Cassées "L'Union des Blessés de la Face et de la Tête" ainsi que "Sourire quand même"(qui aujourd'hui encore continue de financer des institutions médicales en faveur de la chirurgie réparatrice).
Malheureusement, les blessures ne se résumaient pas au simple physique: le mental était aussi touché. Un manque de confiance des Gueules Cassées qui les pousse à l'isolement, à la marginalisation notamment par honte de leur apparence et par peur du jugement de leurs proches. À cela s'ajoute un traumatisme psychologique et le sentiment d’avoir été épuisé par la violence, le sang, l’horreur de cette guerre qui continue de poursuivre les victimes bien après la fin du conflit, à travers un stress post-traumatique (qui fut longtemps sous-considéré par les institutions gouvernementales et médicales, et qui se traduisait par des symptômes tels que des tremblements incontrôlés, la "tremblote", par l'incapacité d'entendre ou de voir des éléments en rapport avec la guerre etc.) et un rappel physique constant de l’événement.
Les chirurgiens ont mit toutes leurs connaissances au service de la "réparation" et du soin de ces milliers d’êtres humains. En Amérique, on a nommé cela "The right to look human", qui se traduit par "Le droit d'avoir une apparence humaine".
Ces soldats ont notamment beaucoup inspiré le monde de l'art qui a pu alors dénoncer l'horreur de la guerre par la représentation de ces victimes. Nous pouvons notamment penser à Otto Dix et son célèbre tableau Les joueurs de Skat (1920), témoignage de la violence d'un conflit qui a marqué l'humanité.
Dans cette partie, nous allons tenter de détailler les différentes techniques élaborées par les médecins afin de soigner les soldats durant la première guerre mondiale. Pour cela nous avons effectué de nombreuses recherches dont une visite au musée de la santé des armées que nous avons résumée en une vidéo que vous pouvez découvrir en cliquant sur l'image ci-dessous.
Les greffes
Il y eu durant cette période une multiplication de greffes, il en existait de différentes sortes:
La greffe ostéopériostiques
Cette méthode était utilisée lorsque le blessé avait besoin d’une greffe d’os. Le chirurgien prélevait une partie de la couche supérieure de l’os, très malléable, et la plaçait sur l’endroit endommagé de la tête du blessé. Cette technique existait déjà avant la guerre, et son application connu un fort essor durant celle-ci.
La greffe Dufourmentel
Léon Dufourmentel, chirurgien français, découvrit ce procédé permettant de combler les trous de chair: il prélevait des lambeaux de cuir chevelu sur le crâne et les greffait essentiellement au niveau du menton. Il n'y avait alors aucun rejet de greffe possible. Cette méthode bien que découverte tardivement (en 1918, à la fin de la guerre) a permis à beaucoup de victimes de retrouver une apparence vivable et une confiance en soi.
La greffe italienne
Utilisée principalement lors de reconstructions nasales et mentonnières, cette opération était décrite comme archaïque car elle réutilisait des procédés inventés au XVIème siècle. Elle consistait à prendre un lambeau de peau sur le bras et l’appliquer sur la surface blessée. Ensuite le patient devait garder son membre, et la plaie causée par l’enlèvement de greffon en l’air, appuyé sur la tête pour assurer une bonne vascularisation du bras.
Les outils
De nombreux outils ont été utilisés lors de ces reconstructions faciales.
L'ouvre-bouche
Employé comme outil de rééducation, il permettrait à la mâchoire de retrouver son élasticité. Cependant, nous notons des résultats insatisfaisants dans la plupart des cas.
Les sacs
Placer des sacs plus ou moins lourd sur une planche de bois positionnée dans la bouche, afin de faire retrouver à la bouche et à la mâchoire leur position initiale.
La gouttière de contention
La gouttière de contention permettait quant à elle de soutenir et replacer les maxillaires.
Les prothèses
Lorsque les actes chirurgicaux sont insuffisants pour offrir des résultats concluants, les prothèses sont utilisées, bien qu'elles soient moins discrètes que les séquelles d’une opération.
Les plus employées sont les prothèses des yeux et les prothèses nasales.
Tous ces outils et techniques étaient souvent employés dans le but d'effectuer un remodelage des tissus osseux. Les tissus osseux font parti des tissus conjonctifs et sont en partie responsable de la formation des os.
Comment se forme ce tissu?
Le processus par lequel s'élabore le tissu osseux se nomme l'ostéogenèse.
L'ostéogenèse s'effectue en plusieurs étapes
L'os est un tissu en constant renouvellement. Nos cellules vieillissant, elles ont besoin d'être remplacées par de nouvelles. Cela permet d'éviter que nos os soient fragilisés et se brisent. Ce processus nécessite une collaboration entre ostéoclastes et ostéoblastes. Les ostéoclastes sont des cellules responsables de la résorption de l'os, c'est à dire de sa "destruction", par opposition aux ostéoblastes qui sont elles responsable de la formation des tissus osseux. Ce phénomène se déroule en plusieurs phases:
→ La phase de résorption: les ostéoclastes viennent creuser des "trous" dans l'os appelé "lacunes de Howship" du nom du célèbre chirurgien anglais John Howship.
Puis a lieu la...
→ La phase de formation: arrivée des ostéoblastes sur le trou creusé précédemment. Ceux-ci remplissent de protéines les creux formés.
Enfin...
La phase de minéralisation→ : les tissus osseux nouveaux appelés tissus ostéoïdes vont se calcifier grâce à un cristal de calcium.
Ces phases se déroulent au sein des unités de remodelages
Ainsi, lorsque, durant la première guerre mondiale, les chirurgiens replaçaient les os des blessés de telle manière que ceux-ci reprennent leur emplacement initiaux, ils attendaient que le corps, par ce processus d'ostéogenèse, les "fixe" dans cette position.
L'ensemble de ces procédés, à la fois chirurgicaux et corporels, offraient pour l'époque des résultats satisfaisants, voire miraculeux. Cependant avec le temps, nous pouvons nous rendre compte que la plupart de ces opérations étaient inefficaces, et parfois dangereuses.
À l'heure actuelle, nous avons encore besoin de cette chirurgie réparatrice, à la fois pour des victimes de guerre (par exemple pour les vétérans américains, car la guerre est malheureusement un mal qui touche encore notre société), mais aussi d'accidents, de malformation...Les techniques ont heureusement évolué dans le domaine et permettent d'obtenir des résultats plus satisfaisants.
Quelles sont ces nouvelles technologiques de chirurgie réparatrice?
Les robots chirurgicaux
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L'imprimante 3D
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La prothèse bionique
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Nous avons donc pu suivre les progrès de la chirurgie plastique réparatrice à travers l'histoire, depuis la première guerre mondiale, période durant laquelle celle-ci s'est grandement développée, jusqu'au 21ème siècle et même plus encore. Les chercheurs ne cessent de faire des progrès dans ce secteur afin de permettre à des milliers d'êtres humains handicapés et/ou amputés, de retrouver ou de connaître un quotidien normal; mais aussi à notre espèce d'améliorer ses capacités corporelles. Peut-être sommes nous en pleine transition vers une ère où la biologie ne suffit plus à l'humanité?
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